Recherche Urgente des Super Coraux de Malaisie

Sous le vernis paradisiaque de l’île de Pulau Lang Tengah, à Terengganu, se déroule une étonnante  course scientifique contre le réchauffement marin, afin de sauver les coraux de Malaisie de l’extinction.

Texte par: SL Wong | Photos de: SL Wong, et Coralku & collaborateurs

Édité par: YH Law

Traduction: Traduit par Lucie Benoit | Édité par Gilles Bernard

Publié: 21 juillet 2023

Quels sont les meilleurs coraux pour restaurer les récifs ? Compte tenu de la rapidité avec laquelle les mers se réchauffent, il serait logique de planter des coraux capables de résister à des températures élevées. Pour déterminer quels sont ces “super coraux”, les scientifiques de Lang Tengah, soumettent des individus à des tests de stress thermique. (SL Wong)

Cette étendue idyllique de 700 mètres de lagune cache un laboratoire sous-marin frénétique géré par l’association Coralku. À des profondeurs de 9 à 12 mètres se trouvent de nombreuses “pépinières” où les scientifiques cultivent des coraux. On y trouve des “arbres”, des cadres, des filets en acier et des grilles flottantes. Au total, elles fournissent chaque année 1 000 individus provenant d’au moins 12 espèces différentes, à des fins de restauration. (SL Wong)

Protégées de la mousson, les nurseries se trouvent dans le récif de Pasir Besar, essentiellement constitué de . Le principal site de restauration où sont plantés la plupart des coraux est Batu Kuching, au sud, avec 1 500 coraux déjà plantés dans une zone de 150 m sur 150 m. L’objectif est de sauver les coraux de Lang Tengah de l’extinction tandis que  les températures augmentent.

Le projet a débuté il y a 3 ans. L’équipe mène de nombreuses expériences scientifiques. Les fragments de corail sur ces “arbres” en PVC proviennent de colonies coralliennes saines et de morceaux brisés par les tempêtes. Le projet est un modèle de rigueur rare dans la restauration des coraux en Malaisie. Coralku sait d’où vient chaque fragment de corail, dans quelle pépinière il est cultivé, quels sont ses taux de croissance et de survie, ses maladies et ses prédateurs, et où et comment il se comporte lorsqu’il est planté. (Affendi Yang Amri)

Chaque mois, les coraux de la pépinière sont mesurés. Les taux de survie ont été de 34 à 94 % sur une période d’étude de 14 mois, “en fonction de l’espèce, de la pépinière et de sa génétique”, explique Sebastian Szereday, responsable du projet. En ce qui concerne les coraux plantés, les relevés de Batu Kuching sur 650 jours montrent des taux de survie de 9 à 62 %, là encore en fonction de l’espèce et du site. (Natasha Zulaikha)

Pour déterminer quels coraux supportent le mieux la chaleur, Sebastian Szereday et KL Chew, co-responsable scientifique du projet, coupent des fragments de 3 cm sur des spécimens de pépinière. Les fragments sont ensuite soumis à un stress thermique. Les individus les plus résistants – les “super coraux” – sont ensuite sélectionnés et plantés. (Natasha Zulaikha)

Sur terre, les fragments de corail sont soumis à un test expérimental normalisé de stress thermique appelé « système de stress automatisé pour le blanchiment des coraux » (« Coral Bleaching Automated Stress System », CBASS). Mis au point en mer Rouge il y a trois ans, il s’agit d’un système peu coûteux, simple, portatif et installé sur place. Le développeur du concept CBASS, le généticien marin Christian Voolstra, collabore également au projet porté par Coralku, accompagné de Affendi Yang Amri, écologiste des récifs coralliens de l’Université Malaya. (SL Wong)

, les coraux sont chauffés pendant 18 heures dans des cuves à 4 températures différentes : normale (la température moyenne maximale historique de la mer, qui est de 30 °C à Lang Tengah), 4 °C au-dessus de la normale, 6 °C au-dessus de la normale et 9 °C au-dessus de la normale. Le niveau de stress du corail est mesuré par la capacité de ses microalgues à utiliser la lumière pour la photosynthèse. Cette capacité diminue à mesure que la température augmente. Les coraux rejettent alors les microalgues et se décolorent. (SL Wong)

Jusqu’à présent, CoralKu a identifié des individus provenant de trois espèces de “super coraux” qui résistent à la chaleur : Acropora florida, Echinopora horrida et Acropora gemmifera. La photo montre Hydnophora rigida (corail presse-citron ). Il se comporte bien dans les pépinières et une fois planté, et ses seuils de blanchiment sont “corrects”. Sebastian Szereday espère que “plutôt que de choisir au hasard” les coraux à planter, la sélection via CBASS deviendra une norme à l’échelle nationale. (SL Wong)

Coralku a planté environ 500 fragments d’espèces résistantes à la chaleur provenant des pépinières dans les récifs de restauration. Toutefois, il n’est pas possible de tester les individus à la chaleur assez rapidement. C’est pourquoi ils continuent à planter  des coraux non résistants et non testés. Ils veulent essayer d’éviter l’extinction locale et régionale. D’ici la fin de l’année, . Alors qu’un phénomène El Niño imminent semble devoir faire grimper les températures de la mer, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage. (Atkinson Tan)

Cette histoire fait partie de la série #SeaWorld de Macaranga. Lire l’article principal ici: Les Forteresses Naturelles, la clé pour Affronter les Tempêtes. La série est soutenue par l’Ambassade de France en Malaisie.

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Lecture complémentaire:

Coralku. Our Coral Reef Research Projects. 2021.

Henry, J.A., et al. (2023), Using relative return-on-effort scoring to evaluate a novel coral nursery in Malaysia. Restoration Ecology, 31: e13767.

Szereday, S., et al. Highly variable response of hard coral taxa to successive coral bleaching events (2019-2020) and rising ocean temperatures in Northeast Peninsular Malaysia. bioRxiv 2021.11.16.468775

Voolstra, CR, et al. Extending the natural adaptive capacity of coral holobionts. Nature Reviews Earth and Environment 2, 747–762 (2021).

Voolstra, CR, et al. Standardized short-term acute heat stress assays resolve historical differences in coral thermotolerance across microhabitat reef sites. Global Change Biology. 2020; 26: 4328– 4343.

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